Deux commissaires mis en examen pour avoir aidé un ex-conseiller de l'Elysée
9 avr. 2019 Par Matthieu Suc
Deux hauts gradés de la police viennent d'être mis en examen, accusés d'avoir participé à une entreprise en vue de décrédibiliser le principal détracteur de Faouzi Lamdaoui. Dans ce que le parquet de Paris décrit comme « un pacte de corruption » avec celui qui était alors conseiller de l'Élysée sous François Hollande, ces commissaires sont suspectés d'avoir agi « sous le coup d'une pression politique » ou avec l'espoir d'une promotion.
Dominique Serniclay et Abdelhafidh Chraiet, les deux commissaires de police mis en examen aux côtés de l'ancien conseiller de l'Élysée Faouzi Lamdaoui, pour violation du secret professionnel. © DR
Elles l'ont attendu. Il n'est pas venu. Le procès-verbal fait en tout et pour tout deux lignes : « Mentionnons que la personne mise en cause invitée à se présenter à notre cabinet, aujourd'hui n'a pas comparu. » On ne sait pas combien de temps, ce 28 novembre 2018, la juge d'instruction et sa greffière ont poireauté face à la chaise vide sur laquelle il était prévu que Abdelhafidh Chraiet s'assoie.
Il avait été convoqué trois semaines plus tôt. Le courrier recommandé dans lequel la magistrate lui annonçait qu'elle comptait le mettre en examen lui avait été adressé à l'hôtel de police de Nanterre. L'homme qui n'a pas déféré devant la justice est commissaire de police.
En début de matinée, la juge d'instruction avait mis en examen un premier commissaire divisionnaire. En fin de matinée, comme le révélera la Lettre A, cela avait été au tour d'un ancien conseiller de l'Élysée. Deux mois et demi plus tard, le 14 février dernier, lorsque Abdelhafidh Chraiet se présentera enfin devant elle, il n'échappera pas lui non plus à l'inculpation.
C'est l'histoire d'un complot, un complot qui serait l'œuvre -- à en croire l'instruction en cours -- d'un conseiller à l'Élysée et de deux commissaires, accusés d'avoir violé le secret professionnel et d'avoir illégalement divulgué des données personnelles pour sauver la peau dudit conseiller de l'Élysée. Et non, ce n'est pas l'affaire Benalla.
Ce n'est pas l'affaire Benalla mais c'est le même ressort. La justice reproche à de hauts fonctionnaires de se mettre hors la loi pour protéger un homme du président de la République qui, dans ce cas, s'appelait encore François Hollande.
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Mohamed Belaïd franchit, en ce début d'après-midi du 9 novembre 2015, les portes de l'Inspection générale de la police nationale dans le XII^e^ arrondissement de Paris. Il tend la plainte qu'il a rédigée lui-même à un brigadier du troisième cabinet d'enquêtes de l'IGPN et lui raconte son histoire.
Mohamed Belaïd a ce que l'on appelle un lourd contentieux avec Faouzi Lamdaoui, un proche du président de la République alors en exercice. Tout a commencé quand le premier a reproché au second de l'avoir employé sans le déclarer (et surtout sans le payer), notamment durant six mois comme chauffeur de François Hollande, à l'époque où celui-ci était le premier secrétaire du Parti socialiste.
François Hollande et Faouzi Lamdaoui, au premier plan. © © Reuters
Mohamed Belaïd était un simple militant d'Argenteuil (Val-d'Oise), commune où Faouzi Lamdaoui était adjoint au maire avant de s'investir dans la campagne présidentielle de 2012. Chargé des relations avec la presse, ce dernier était de tous les déplacements, aux côtés du candidat du PS. « Faouzi Lamdaoui, c'est l'ombre du candidat. Celui qui va le chercher à son domicile parisien, le matin. Qui lui apporte des costumes, qui s'occupe des rendez-vous chez le coiffeur, chez l'opticien, qui commande une moto-taxi. ''Un organisateur très efficace'', apprécie Hollande », raconte L'Express à l'époque.
Pendant ce temps, Mohamed Belaïd manifeste. Tout seul. Devant l'Assemblée nationale, devant le siège du Parti socialiste. Les premières fois, l'ancien militant qui dénonce un travail dissimulé manifeste sauvagement. On lui confisque sa banderole. Il en refait une autre. On la lui confisque aussi. Alors Mohamed Belaïd s'adapte, il dépose des autorisations de manifester en préfecture. Et reprend le fil de ses défilés. Toujours tout seul.
Avec l'élection de François Hollande à la présidence de la République, Faouzi Lamdaoui, qui aspirait à mieux, est nommé conseiller à la diversité et à l'égalité à l'Élysée. Il n'a pas obtenu de maroquin, reste dans l'ombre -- mais tout de même sous les ors des palais de la République. Aussi ses déboires judiciaires avec Mohamed Belaïd deviennent-ils un sujet d'intérêt. La presse s'en mêle. Et pour chaque nouvel article, Belaïd se prête volontiers au jeu de l'interview.
Le parquet de Paris classe sans suite sa plainte déposée contre Lamdaoui pour « travail dissimulé », mais un second front s'avère plus menaçant : l'épouse de Belaïd a porté plainte pour « faux et usage de faux » après avoir découvert que l'on avait utilisé sa signature sur les statuts d'une société où elle apparaissait, à son insu, comme gérante. L'enquête de la police suspecte Faouzi Lamdaoui d'avoir perçu 173 000 euros en 2007 et 134 000 euros en 2008 de cette PME, qui a sans cesse changé de statuts et de dirigeants au fil des ans.
Cette affaire de possible abus social, si elle s'ébruite, pourrait coûter le strapontin élyséen à Lamdaoui. Après avoir été débouté par la justice dans l'affaire qui le concerne, Mohamed Belaïd mène désormais son combat sur le front médiatique. Les articles se succèdent. Le parquet finit par renvoyer Faouzi Lamdaoui en correctionnelle, il doit quitter son poste de conseiller à la diversité et à l'égalité à l'Élysée le 3 décembre 2014.
Un an passe. Un journaliste du Parisien fait le tri dans sa messagerie électronique et tombe sur un courriel qu'il a reçu à l'époque de la tempête médiatique ciblant le conseiller à l'Élysée. Il le relit. Le message, anonyme, diffame Mohamed Belaïd, le fait passer pour un délinquant récidiviste. Choqué par le procédé, le journaliste transfère le mail à l'ancien militant d'Argenteuil, qui se précipite à l'IGPN. Mohamed Belaïd dépose plainte contre X tout en précisant, comme le révélera le magazine Challenges, qu'il soupçonne Faouzi Lamdaoui et ses proches.
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Il est 21 h 22, ce 30 novembre 2012, quand le corbeau se manifeste sur la messagerie du journaliste du Parisien. Dans son mail, le corbeau présente Mohamed Belaïd comme un « petit voyou » et un mythomane. Pour étayer son propos, il inclut en pièce jointe le « Stic » de Belaïd, du nom du fichier du système de traitement des infractions constatées qui détaille les procédures dans lesquelles il a été mis en cause.
Ce 30 novembre, on s'active beaucoup pour ternir l'image de Mohamed Belaïd. Il s'agit, selon l'expression d'un enquêteur de l'IGPN, « d'allumer un contre-feu médiatique ». Il y a urgence, Faouzi Lamdaoui est rattrapé par l'affaire d'abus de bien social. À l'aube, le gratuit 20 minutes a publié un article titré « Un conseiller de François Hollande visé par une enquête de la police ». Dans l'après-midi, c'est au tour du Monde d'expliquer que « la justice s'intéresse à l'un des proches » du président. Juste avant leur parution, les signataires de ces articles ont reçu des appels d'un policier... qu'ils n'avaient pas sollicité.
Sur les coups de 8 heures du matin, la journaliste du Monde reçoit sur son portable l'appel d'un homme se présentant comme « le commissaire de police d'Argenteuil ». Son interlocuteur lui dévoile « des éléments du passé judiciaire » de Mohamed Belaïd, lui répète qu'il est « peu fiable ». D'après la journaliste du Monde, entendue par l'IGPN, son interlocuteur « prenait fait et cause en faveur de monsieur Lamdaoui » et « avait voulu influer sur le contenu de l'article à paraître ».
Le commissaire rédige lui-même l'ensemble des PV, de la perquisition à l'enquête de voisinage...
Un peu plus tôt, c'était un journaliste de 20 Minutes qui avait eu le droit à un appel sur son portable d'un homme se déclarant là aussi être le commissaire de la commune du Val-d'Oise. « Il m'a dit qu'il connaissait très bien monsieur Belaïd à Argenteuil et qu'il fallait faire très attention à tout ce qu'il pouvait raconter, témoignera le journaliste. Il m'a dit que monsieur Belaïd était quelqu'un qui avait une intelligence limitée et que c'était un mythomane. [...] Je lui ai alors clairement demandé pourquoi il m'appelait, à quel titre. Il a alors un peu noyé le poisson en me disant "Non, c'est pour vous, faites attention parce que Belaïd est un menteur"... »
Le journaliste fait un lien évident entre cet appel et la convocation de Faouzi Lamdaoui dans l'affaire d'abus social, l'appel du commissaire avait « pour but de nous influencer [...] sur l'intérêt de publier un article là-dessus ». Et de préciser qu'en dix ans de carrière, c'était seulement la deuxième fois qu'il était confronté à un tel « coup de pression ».
Ces appels et l'envoi du fichier Stic à des journalistes qui avaient pour point commun d'avoir cherché à joindre Faouzi Lamdaoui dans le cadre de leurs enquêtes respectives et de lui avoir laissé leurs coordonnées vont être interprétés par l'IGPN comme « une stratégie de communication élaborée en amont » en vue de décrédibiliser Mohamed Belaïd. Reste à établir l'identité des fonctionnaires du ministère de l'intérieur qui y auraient participé. Sur ce point, le corbeau a facilité la tâche des enquêteurs de l'IGPN. En tête de la pièce jointe envoyée le 30 novembre 2012 au Parisien, on peut lire que le fichier Stic a été consulté, le jour même, depuis le commissariat du XII^e^ arrondissement de Paris...
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« Je suis étonné d'être impliqué dans cette affaire... »
Dominique Serniclay, commissaire divisionnaire du XIIe arrondissement de Paris. © DR
Dominique Serniclay ne voit pas où est le mal face à celui qui l'auditionne en garde à vue. Pour l'occasion, le brigadier qui conduit les investigations a cédé sa place, ce 12 décembre 2016, au chef du troisième cabinet d'enquêtes de l'IGPN. Une question de bienséance. Dominique Serniclay est lui-même chef du premier district à la direction de l'ordre public et de la circulation de la préfecture de police de Paris. À ce titre, il supervise tous les événements qui se passent sur la voie publique dans l'Ouest parisien et dans les Hauts-de-Seine. Auparavant, il avait 300 hommes sous ses ordres lorsqu'il chapeautait la destinée du commissariat du XII^e^ arrondissement. C'est dans le cadre de ces précédentes fonctions qu'il est entendu par l'IGPN.
Cela n'avait pas été trop compliqué de remonter sa piste. Le 30 novembre 2012, un seul policier dans toute la France avait consulté la fiche Stic de Belaïd. Un capitaine du commissariat du XII^e^ arrondissement. Entendu, l'officier confirmait l'avoir fait, en dehors de tout cadre judiciaire, à la demande de sa hiérarchie. Et sa hiérarchie avait pour nom, en 2012, le commissaire Serniclay.
« J'ai effectivement eu besoin de consulter la fiche Stic de monsieur Belaïd », reconnaît l'intéressé face à l'IGPN. Pourquoi ? « C'était pour me faire une religion sur les protagonistes de cette affaire. » Mais il s'intéresse aux antécédents du seul Mohamed Belaïd. Il ne cherche pas à se renseigner sur le conseiller de François Hollande.
Quelques semaines plus tôt, le commissaire du XII^e^ avait reçu un appel du standard téléphonique de 1'Élysée lui indiquant que Faouzi Lamdaoui, « conseiller du président de la République », souhaitait lui parler. « Il m'a dit qu'il avait été convoqué dans mes services pour une audition dont il ignorait le motif et il voulait savoir pourquoi. Mais je n'en savais rien », se souvient Dominique Serniclay.
À l'occasion d'un énième contentieux entre les deux hommes, Mohamed Belaïd a de nouveau porté plainte, cette fois au commissariat du XII^e^, à côté du domicile de Lamdaoui. « Une fois que j'ai eu pris connaissance de ce dossier, j'ai avisé ma hiérarchie, poursuit le commissaire Serniclay. Il m'a été donné pour instruction de prendre en compte personnellement ce dossier et d'entendre monsieur Lamdaoui. » Le commissaire Serniclay, qui arrive de province et se décrit comme « ne faisant pas de politique, n'appartenant à aucun réseau », n'a pas d'autre choix que d'obtempérer à sa hiérarchie.
Le conseiller à la diversité et à l'égalité de l'Élysée se rend à son audition accompagné d'un chauffeur et d'un officier de sécurité. Par précaution, Dominique Serniclay procède à ladite audition en présence d'un commissaire stagiaire. Hors procès-verbal, Faouzi Lamdaoui lui décrit Mohamed Belaïd comme « un voyou, quelqu'un de peu fréquentable ».
Quelques jours plus tard, le 30 novembre 2012, après la publication de l'article de 20 minutes révélant les ennuis judiciaires du conseiller de l'Élysée, le commissaire Serniclay demande à ce qu'on lui sorte le fichier Stic du principal détracteur de Lamdaoui. Le soir même, alors que l'article du Monde est à son tour publié, le fichier Stic est envoyé à un journaliste du Parisien depuis une adresse mail fantaisiste, créée dix minutes plus tôt à partir de la connexion internet personnelle d'un journaliste indépendant, Mourad Saouli, lui-même proche de Faouzi Lamdaoui (Mourad Saouli a été entendu par la juge d'instruction pour recel de violation du secret professionnel, il bénéficie du statut de témoin assisté).
Pourtant, s'il reconnaît avoir demandé les antécédents de Mohamed Belaïd, Dominique Serniclay conteste les avoir transmis au conseiller de l'Élysée ou à son entourage. Le 30 novembre, « la fiche Stic a disparu de mon bureau qui est grand ouvert en permanence », se justifie le commissaire face à son collègue de l'IGPN.
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Abdelhafidh Chraiet est quant à lui le patron de la Sûreté urbaine d'Argenteuil. Ce jeudi 20 juin 2013, ce commissaire alors âgé de 32 ans va, selon l'IGPN, « faire preuve d'une implication peu ordinaire pour un chef de service ». Mohamed Belaïd a été interpellé et placé en garde à vue. Celui-ci dénonce des proches de Lamdaoui, auteurs à son égard d'injures et menaces ; lesdits proches, en retour, l'accusent de tentative d'extorsion.
Le train-train habituel, une procédure sans « aucun caractère sensible, grave ou complexe », toujours selon l'IGPN. Et pourtant, le commissaire Chraiet va rédiger lui-même l'ensemble des procès-verbaux, de la perquisition du domicile de Belaïd à l'enquête de voisinage. Selon lui, parce qu'aucun de ses hommes ne voulait traiter de procédure en lien avec Mohamed Belaïd, « par crainte de représailles diffamatoires ».
« J'étais très limité dans l'usage de l'outil informatique. »
Abdelhafidh Chraiet, chef de la Sûreté urbaine d'Argenteuil. © DR
Abdelhafidh Chraiet est toujours proactif dès lors qu'il s'agit du cas Belaïd.
C'est lui, le policier qui avait téléphoné de sa propre initiative aux journalistes du Monde et de 20 minutes sept mois plus tôt. « Je n'ai pas souvenir d'avoir appelé des journalistes à ce sujet », assurera-t-il la première fois qu'il sera interrogé par l'IGPN. Malheureusement pour lui, le journaliste de 20 minutes a retrouvé son carnet de notes de l'époque. Le nom du commissaire et ses propos figurent dedans. « Je ne dis pas que je ne l'ai pas eu au téléphone, c'est très possible. Par contre, quand il dit que c'est moi qui l'ai contacté et sur le contenu de notre conversation qu'on aurait eue, il écrit ce qu'il veut dans ses notes », pestera Abdelhafidh Chraiet.
Interrogé par l'IGPN, un commandant de la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP), qui avait traité trois procédures ayant opposé Belaïd à Lamdaoui et son entourage, racontera avoir évité tout contact avec le commissaire d'Argenteuil « en raison du rôle trouble » joué par celui-ci, son omniprésence « sur ces affaires, somme toute mineures ». Son service, la BRDP, s'était même demandé si le commissaire Chraiet n'avait pas joué un rôle dans la non-transmission de dossiers d'enquête concernant Mohamed Belaïd au parquet de Pontoise, dossiers dont le commandant avait cherché en vain à obtenir une copie au tribunal.
Le 20 juin 2013, à l'issue de la procédure intégralement traitée par le commissaire d'Argenteuil, Mohamed Belaïd va être hospitalisé d'office. Au bout de six jours, il ressort. Mais le mal est fait. Ses adversaires vont se servir de cet événement pour le calomnier.
Faouzi Lamdaoui sollicite le commissaire Chraiet afin qu'il lui remette une copie de l'expertise psychiatrique ayant conduit à l'hospitalisation de Belaïd. Le policier s'exécute. « Je me sentais en danger, expliquera Lamdaoui à l'IGPN. Une fois que j'en ai eu connaissance, j'ai fait ce que je devais faire pour me protéger. »
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Pas de repos dominical pour celui qui se cache derrière le compte Twitter « iladitilamenti ». Le dimanche 25 octobre 2015, il produit les conclusions d'« un exp-psy [expert-psychiatre -- ndlr] pour le parquet de Pontoise » présentant Mohamed Belaïd comme « un psychotique paranoïaque dgrx [dangereux -- ndlr] ». S'ensuivent cinq tweets du même acabit. Certains adressés à Christiane Taubira, alors garde des Sceaux, et faisant mine de s'alarmer : « Belaïd est libre, en cas de drame qui est responsable d'un individu dgrx ? » On est sept mois après que Faouzi Lamdaoui a récupéré l'expertise psychiatrique auprès du commissaire Chraiet.
Dans le cadre de son enquête sur les multiples violations du secret professionnel et de divulgation illégale des données personnelles à l'encontre de Mohamed Belaïd, l'IGPN s'intéresse à l'utilisateur du compte Twitter « iladitilamenti » et va tomber sur... un journaliste.
Aziz Zemouri est le chroniqueur police-justice de l'hebdomadaire Le Point. À l'époque des tweets, il est en train d'écrire (avec la journaliste Stéphanie Marteau) un livre intitulé L'Élysée Off (paru en 2016 chez Fayard). Il connaît de longue date Faouzi Lamdaoui puisqu'en 2012, il s'était permis, comme le commissaire Chraiet, d'appeler son confrère de 20 minutes pour lui dire « qu'il n'y avait rien de sérieux » dans l'affaire visant le conseiller de l'Élysée. « Je me suis dit que j'avais été contacté par le cercle rapproché de Lamdaoui », conclut à l'issue de ce coup de fil le journaliste de 20 minutes. Contacté, Aziz Zemouri nie avoir jamais passé cet appel. « Comment aurais-je fait pour l'appeler ? Je ne le connaissais pas », assure-t-il. De son côté, le journaliste de 20 minutes nous confirme bien les propos qu'il a tenus devant l'IGPN.
Le 12 juillet 2017, Aziz Zemouri est entendu par l'IGPN. Une audition « libre », en tant que « mis en cause » dans une affaire de « recel de violation de secret professionnel ». Une audition au cours de laquelle le journaliste du Point va « nier catégoriquement et de manière agressive » être l'utilisateur du compte Twitter, résumera l'IGPN dans un rapport.
« Je suis étranger à cette diffusion de tweets, assure Aziz Zemouri. Je suis étranger à receler un tel document [l'expertise psychiatrique -- ndlr], ni de la part de monsieur Lamdaoui, ni de la part du commissaire Chraiet. Le parquet fait fausse route en faisant un amalgame entre personnes qui partagent les mêmes origines, croyant que nous formons une tribu ! »
Au cours de l'audition, le policier le relance.
« Pourtant, les investigations font apparaître que les connexions sur ce compte @iladitilamenti ont majoritairement lieu depuis votre domicile personnel [...]. Comment l'expliquez-vous ?
--- Je ne me l'explique pas. »
Lorsque l'avocat d'Aziz Zemouri (qui est aussi celui du Point) s'étonnera que son client journaliste ait été entendu et qu'on ait enquêté sur lui, la section de la presse et de la protection des libertés du parquet de Paris lui répondra dans un courrier le 2 janvier 2018 que « les messages émis par ce compte ne permettaient aucunement de penser qu'il s'agissait d'un compte utilisé par un journaliste, ni qu'il agissait dans le cadre de sa mission d'information »... Un an après ces échanges orageux, à l'heure où ces lignes sont écrites, Aziz Zemouri n'a pas été réentendu, encore moins mis en examen.
Contacté par Mediapart, il persiste à dire qu'il n'a rien à voir avec cette affaire, à nier la propriété du compte Twitter que l'IGPN et le parquet de Paris lui attribuent et, comme lors de son audition, il s'emporte : « Moi je ne suis pas attaché de presse. Je suis journaliste, mieux qu'un mec de Mediapart, je pense. Parce que moi je fais la part des choses. Je suis journaliste depuis bien plus longtemps que n'importe quel journaliste de Mediapart qui sort une information tous les 1 000 ans et pas tous les jours comme moi je fais » (l'essentiel de ses réponses à nos questions est à lire sous l'onglet Prolonger).
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Placé en garde à vue le 12 décembre 2016, Faouzi Lamdaoui a la mémoire courte. Les « Je ne m'en souviens pas » rythment son audition. Avec parfois quelques variantes : « Je ne sais plus pourquoi j'ai appelé le commissaire Chraiet, mais cela n'avait aucun lien avec [l'affaire]. » Concernant l'intervention du commissaire d'Argenteuil auprès de journalistes : « Vous m'avez posé la question la dernière fois. Cela ne me dit rien... » À propos d'un autre protagoniste : « Il a dû m'en parler mais je n'ai pas percuté parce que je faisais autre chose en même temps. » Les autres mis en cause adoptent une ligne de défense similaire. « À froid, je n'ai pas de réponse à cette question », dira à son tour Abdelhafidh Chraiet.
Dans le courant de l'année 2016, alors que l'enquête de l'IGPN bat son plein, les principaux protagonistes de l'affaire, les commissaires Chraiet et Serniclay, ainsi que le journaliste Mourad Saouli (celui depuis le domicile duquel le mail contenant le fichier Stic avait été envoyé à un journaliste du Parisien) vont tous être en contact à plusieurs reprises avec Faouzi Lamdaoui. Particulièrement en amont ou au sortir des auditions des uns et des autres.
Mourad Saouli efface tous ses textos et change trois fois de téléphone portable en cinq mois, sans être capable de se souvenir où sont les deux premiers boîtiers. Au sortir d'une audition, il fonce sur le lieu de travail de l'ancien conseiller de l'Élysée.
« Lorsque le conseiller du président de la République vous demande de l'aide, on ne dit pas non »
Au bout du compte, tous reconnaissent les éléments matériels (ils ne peuvent pas faire autrement) mais contestent une participation active à un délit. Ils confessent une désarmante inadaptation à l'époque : ils sont bien en peine de surfer sur Internet et d'envoyer un mail. « Je suis incapable d'envoyer une pièce jointe ou de faire un scan, explique le commissaire Serniclay. J'étais très limité dans l'usage de l'outil informatique. »
Pour Mourad Saouli, c'est bien avec la connexion internet de son domicile qu'a été envoyé le mail au Parisien, mais c'est quelqu'un d'autre qui l'a utilisée. Et ce quelqu'un peut être nombreux. Saouli explique qu'à l'époque, 600 militants socialistes fréquentaient son domicile ouvert aux quatre vents et qu'en raison de problèmes personnels, il était dans un brouillard complet et ne se souvient plus de rien.
La juge d'instruction se lasse. « S'agit-il encore d'une coïncidence ? », demande-t-elle à Lamdaoui alors qu'il botte une énième fois en touche.
Les souvenirs se font moins évasifs, dès lors qu'il s'agit d'évoquer Mohamed Belaïd. Lamdaoui explique là que lui, le conseiller de l'Élysée, craignait un ancien militant en colère : « Nous étions harcelés par ce monsieur et nous vivions dans la peur. Monsieur Belaïd est tout sauf un honnête citoyen, qui a déjà menacé de mort et qui a déjà été mis en examen pour de tels faits. » Le journaliste du Point Aziz Zemouri est encore plus virulent lorsqu'il décrit « un malade mental, multirécidiviste, condamné à de multiples reprises ». Même le commissaire Chraiet craint pour sa sécurité face à un simple citoyen de sa circonscription. « Je vous rappelle que moi-même je l'ai croisé dans la rue en ayant peur qu'il me saute dessus. [...] On a affaire à un individu dangereux [...] qui est dérangé psychiatriquement. »
Des accusations qui font bondir M^e^ Pauline Baudu-Armand, l'avocate de Belaïd : « Depuis dix ans, certains s'échinent à faire passer mon client pour fou. Pour une fois, nous avons là une procédure qui dit clairement qu'il est bien une victime et pourtant ceux dont la justice a considéré qu'il y avait suffisamment d'indices graves et concordants pour les mettre en examen continuent à dénigrer la partie civile... »
L'homme que l'on reçoit jeudi 28 mars à Mediapart a une voix douce, un physique de gros nounours et le souci de ne pas déranger. Une attitude pour séduire le journaliste qui s'intéresse à son histoire ? Le commissaire Serniclay, le mis en cause le moins impliqué auprès de Faouzi Lamdaoui, décrit un Mohamed Belaïd « très correct » la fois où il le rencontre. Belaïd lui-même insistera auprès de l'IGPN pour que soit noté qu'il n'a pas « subi la moindre pression de la part des fonctionnaires du XII^e^ arrondissement ».
Mohamed Belaïd dans les locaux de Mediapart. © Matthieu Suc
Interrogé, un commandant de la Brigade de répression de la délinquance contre la personne, qui a traité trois procédures ayant opposé Belaïd à Lamdaoui et son entourage, considère l'ancien militant d'Argenteuil comme quelqu'un à qui l'« on peut reprocher une part d'exagération » mais reste, pour l'essentiel, crédible. De son côté, l'IGPN soulignera dans un rapport le « caractère procédurier » de Mohamed Belaïd et « sa crainte presque paranoïaque des capacités de nuisance de monsieur Lamdaoui et de son entourage à son encontre ».
Quant au casier judiciaire du « délinquant multirécidiviste », le bulletin B3 (recensant les condamnations pour crimes et délits supérieures à deux ans d'emprisonnement sans sursis prononcées en France ou à l'étranger) de son casier judiciaire délivré le 7 avril 2019 et que Mediapart a pu consulter, il est vierge. Aucune trace des violences alléguées.
Oui, mais il est fou, plaident les mis en examen en avançant l'internement d'office de six jours dont Mohamed Belaïd avait fait l'objet en 2013. Dans un jugement rendu le 15 mai 2017, le tribunal de grande instance de Paris a considéré que la privation de liberté de Mohamed Belaïd avait « été ordonnée par des décisions irrégulières du maire [d'Argenteuil] et du représentant de 1'Etat [le préfet du Val-d'Oise -- ndlr] » qui se fondaient sur l'enquête pilotée par le commissaire Chraiet. Surtout, aucun des mis en cause ne fait mention de l'expertise psychiatrique, conduite par le chef du pôle psychiatrie et santé mentale du centre hospitalier Victor-Dupouy d'Argenteuil, et qui conduira à la sortie d'hôpital de Mohamed Belaïd.
Le docteur décrit un « patient sans antécédent psychiatrique connu, hospitalisé à la demande du maire, suite à une garde à vue » et observe qu'à l'issue de l'observation clinique, « aucun trouble du comportement évocateur d'une pathologie psychiatrique » n'a été décelé...
Depuis, « je n'ai jamais eu de traitement pour de soi-disant problèmes psychiatriques », nous jure Mohamed Belaïd.
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Quand l'IGPN, puis la juge d'instruction, lui demandent ce qui l'a poussé à communiquer à Faouzi Lamdaoui une expertise psychiatrique concernant son pire détracteur, le commissaire Chraiet donne invariablement la même réponse : « J'ai subi une pression politique. »
Et il invoque son inexpérience pour justifier une prétendue difficulté à résister à cette pression. « À l'époque, j'étais plus jeune en boîte et j'avais comme interlocuteur quelqu'un lié au président de la République, c'était l'autorité sommitale. [...] Lorsque le conseiller du président de la République vous demande de l'aide, on ne dit pas non. » Les enquêteurs ont une autre interprétation des motivations qui animent le jeune commissaire.
Le 9 juillet 2013, Faouzi Lamdaoui envoie un texto. « Mon cher Alain, n'oublie pas monsieur Chraiet comme promis, rencontre-le. Amitiés. » Deux semaines plus tard, il insiste. « Hello Alain, le rdv avec Abdel Chraiet est pour ce matin. C'est un très bon élément, un bronzé [sic] mais brillant -;) je compte sur toi. Amitiés. » Ensuite, Faouzi Lamdaoui prend soin d'effacer ses textos à son « cher Alain ». Depuis un mois, Alain Zabulon est le coordinateur national du renseignement. L'homme qui, à l'Élysée, supervise l'ensemble des services de renseignement français.
Le « pacte de corruption » du conseiller de l'Élysée et du commissaire de police
Quinze jours avant le premier texto, le commissaire Chraiet menait personnellement la procédure judiciaire qui allait conduire à l'hospitalisation d'office de Mohamed Belaïd.
Aussi le parquet de Paris considère-t-il que l'obtention d'un rendez-vous avec Alain Zabulon serait la contrepartie d'« un pacte de corruption », la récompense d'un commissaire ayant démontré son zèle à servir un conseiller de l'Élysée en conduisant « une procédure judiciaire à charge discréditant monsieur Belaïd ».
Faouzi Lamdaoui pendant la campagne de 2012. © © Reuters
Interrogé à propos de ce « renvoi d'ascenseur », Faouzi Lamdaoui mettra en avant ses fonctions à l'Élysée : « Je devais mettre en valeurs des gens issus de la diversité qui avaient réussi un parcours professionnel. »
Quant au commissaire Chraiet, il reconnaîtra avoir « pris un café » avec le coordinateur national du renseignement mais minimisera. Lamdaoui lui aurait proposé de rencontrer Zabulon « car il savait que j'avais eu un intérêt intellectuel pour le renseignement. Cependant, au moment où il m'a proposé le rendez-vous, le renseignement ne m'intéressait plus dans ma carrière ». Pour preuve de sa bonne foi, le policier invoque n'avoir « jamais postulé dans un quelconque service de renseignement ».
Il y a peut-être une autre raison. Quelques mois après le café avec Alain Zabulon, Charlie Hebdo publie un article consacré à Faouzi Lamdaoui et dans lequel il est fait état d'« un commissaire d'Argenteuil qui postule à un poste au sein de la sécurité de l'Élysée ». La publicité faite à ce rendez-vous peut expliquer l'absence de promotion du commissaire Chraiet au saint des saints du renseignement.
En lieu et place, il sera nommé chef du GIR (groupement interrégional) des Hauts-de-Seine, avant de se mettre en disponibilité début 2017 et de partir travailler à Londres dans la sécurité privée. Le 14 février 2019, Abdelhafidh Chraiet est mis en examen pour « violation du secret professionnel ». Au cours de son interrogatoire de première comparution, il fait part de son envie de réintégrer la police.
Mis en examen pour « violation du secret professionnel, divulgation illégale de données à caractère personnel et détournement de finalité d'un traitement de données à caractère personnel », Dominique Serniclay occupe désormais des fonctions d'adjoint au sous-directeur de la protection des institutions, des gardes et des transferts de l'agglomération parisienne.
Relaxé par la cour d'appel de Paris pour vice de forme dans l'affaire d'abus de bien social qui lui avait fait perdre son poste de conseiller à l'Élysée, Faouzi Lamdaoui a été nommé directeur des relations institutionnelles et publiques de Veolia pour la zone Afrique-Moyen-Orient. Le 28 novembre dernier, il a été mis en examen pour « complicité par instigation de violation du secret professionnel », en l'espèce la divulgation de l'expertise psychiatrique de Mohamed Belaïd.
Contacté, Faouzi Lamdaoui nous a répondu par mail que nos « informations [étaient] erronées ». « Je n'ai pas été mis en examen pour diffusion ou divulgation d'un fichier Stic », assure-t-il alors à propos du second volet de l'affaire. Entendu par la juge d'instruction à propos du fichier Stic, il bénéficie effectivement du statut de témoin assisté pour les chefs de « complicité par instigation de violation du secret professionnel, complicité par instigation de divulgation de données à caractère personnel, complicité par instigation de détournement de finalité d'un traitement de données à caractère personnel »* (l'intégralité de sa réponse est à lire dans l'onglet Prolonger). *
Père d'une jeune fille qui passe le baccalauréat cette année, Mohamed Belaïd a dû décaler sa venue à Mediapart d'une journée pour honorer sa seule mission d'intérim de la semaine. Depuis quatre ans, il cherche un emploi.
Prolonger
Dans un mail adressé à 23 h 10 lundi 8 avril, Faouzi Lamdaoui a répondu ainsi aux questions que lui avaient posé Mediapart :
« Monsieur,
*J'ai reçu la longue liste de vos questions alors que je me trouve en réunion jusqu'à tard ce soir. Je peux d'ores et déjà vous indiquer sans aller plus loin que vos informations sont erronées. Je n'ai pas été mis en examen pour diffusion ou divulgation d'un fichier STIC. *
Quant à l'expertise psychiatrique concernant M. Belaïd, je me suis longuement expliqué à ce sujet.
Je vous indique également avoir été victimes de multiples menaces sur l'origine desquelles j'ai mon idée.
Enfin, je vous rappelle avoir bénéficié d'un jugement de relaxe du Tribunal correctionnel de Paris confirmé définitivement par la Cour d'appel de Paris à la suite de dénonciations calomnieuses et mensongères de M. Belaïd.
Je vous prie de recevoir, Monsieur, mes respectueuses salutations.
FL »
Contacté lundi 8 avril dans l'après-midi, le journaliste du Point Aziz Zemmouri a répondu à nos questions. Voici une version longue de son verbatim.
« Je n'ai rien à dire là-dessus. C'est la police qui dit que le compte Twitter m'appartenait, j'ai démenti. Le compte Twitter ne m'appartient absolument pas. [...] J'ai commencé à travailler sur Belaïd en 2011-2012 à l'époque où on cherchait à faire des enquêtes sur l'entourage de François Hollande. Donc je m'étais intéressé à Belaïd. Et c'est à cet époque que j'ai eu le pedigree de Belaïd et c'est ce qui a fait que je n'ai jamais rien fait, jamais écrit de papier autour des accusations de Belaïd, vu son pedigree. Il a été condamné à de multiples reprises, en tout cas moi en 2012 c'est les infos que j'avais. Il avait un STIC long comme le bras, il avait commis des vols etc. [...] le mec est un malade mental, un procédurier. Donc, pour moi, ses informations étaient nulles et non avenues. [...] La vérité, le vrai soucis, c'est que comme je m'appelle Aziz et que le commissaire s'appelle Mouloud ou Karim, ils ont considéré qu'on était une tribu. C'est là-dessus qu'ils m'entendent. [Les magistrats et les policiers] n'ont pas d'élément de preuve, ils racontent n'importe quoi et ils font des associations d'idées. [...] Je peux vous dire aujourd'hui qu'il n'y a rien de sérieux effectivement dans les affaires qui sont opposées à Lamdaoui. [...] Moi franchement, il n'y a pas d'égalité, en ce qui me concerne, entre un mec qui est connu de la police et de la justice et un mec qui est inconnu des services de police et de justice. Ça, c'est sûr, il n'y a aucune égalité. [...] Baser une enquête sur un mec pareil, c'est incroyable. Pensez qu'un mec comme Belaïd peut-être crédible. Comment on peut faire un papier à partir d'un mec pareil ? »
Non, ce n'est pas à partir des déclarations de Mohamed Belaïd, mais d'une enquête de l'IGPN qui aboutit à des mises en examen parce qu'une juge d'instruction a estimé qu'il y avait des indices graves et concordants...
« Mais ils racontent n'importe quoi ! [...] Les informations que vous m'opposez [celles diffusées sur le compte Twitter attribué par l'IGPN à Aziz Zemouri, ce qu'il conteste NDLR] étaient déjà sorties ! Elles étaient déjà sorties ! Elles étaient déjà parues ! Ce n'est pas moi qui les révélait ! Non seulement le compte ne m'appartient pas mais les informations étaient déjà dans le domaine public. »
Un de nos confrères, celui de 20 minutes, raconte à l'IGPN avoir été contacté par vous en 2012 et que, comme le commissaire Chraiet, vous lui auriez dit « qu'il n'y avait rien de sérieux » dans l'affaire visant Faouzi Lamdaoui...
« Moi, j'appelle un journaliste de 20 Minutes ? Moi, Aziz Zemouri ? Mais n'importe quoi ! Je ne le connaissais même pas. Comment j'aurais fait pour l'appeler ? Avec quel numéro ? Il y a mon numéro qui apparait sur son téléphone ? [...] Je ne vois pas comment j'aurais pu appeler quelqu'un que je ne connaissais pas sur une histoire qui ne me concernait pas. Peut-être que lui-même m'a appelé et que je l'aurais rappelé, c'est possible. Mais sinon je ne vois pas. [...] Franchement, il faut trouver leur numéro à 20 minutes... [...] Moi je ne suis pas attaché de presse. Je suis journaliste, mieux qu'un mec de Mediapart, je pense. Parce que moi je fais la part des choses. Je suis journaliste depuis bien plus longtemps que n'importe quel journaliste de Mediapart qui sort une information tous les 1 000 ans et pas tous les jours comme moi je fais. »
Boite Noire
Dans l'après-midi du lundi 8 avril, j'ai laissé des messages sur les répondeurs des téléphones portables privé et professionnel de Dominique Serniclay, sur les répondeurs des téléphones portables d'Abdelhafidh Chraiet et Mourad Saouli. Sans réponse d'aucun des mis en examen, j'ai envoyé mes questions par mail à Dominique Serniclay et Abdelhafidh Chraiet. À l'heure où ces lignes sont publiées, je n'ai toujours pas eu de retour.