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ÉCONOMIE
L’économie allemande s’enfonce dans la crise
Au deuxième trimestre, l’activité de la première économie européenne a reflué plus fortement que prévu.
Par Thomas Wieder (Berlin, correspondant)
Par Thomas Wieder (Berlin, correspondant)
Par Thomas Wieder (Berlin, correspondant)
Aujourd’hui à 11h00
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Le chancelier allemand, Olaf Scholz (à droite), le ministre de l’économie et de la protection du climat, Robert Habeck (au centre), et le ministre des finances, Christian Lindner, à Berlin, le 5 juillet 2024. KAY NIETFELD / DPA
Le moteur allemand continue de tourner au ralenti. Au deuxième trimestre, l’activité de la première économie européenne a reflué plus fortement que prévu. Selon les chiffres de l’Office fédéral de la statistique (Destatis), publiés mardi 30 juillet, le produit intérieur brut (PIB) de l’Allemagne a reculé de 0,1 % entre avril et juin. Parmi les vingt-sept Etats membres de l’Union européenne, seules la Hongrie, la Lettonie et la Suède ont vu leur PIB régresser davantage sur la même période.
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Outre-Rhin, on n’imaginait pas une telle contre-performance. Après la légère croissance de 0,2 % enregistrée entre janvier et mars, les prévisionnistes s’attendaient à ce que le deuxième trimestre s’inscrive dans la continuité, à l’instar des experts de la plate-forme financière Factset, qui tablaient sur une hausse du PIB allemand de 0,1 % entre avril et juin. Finalement, celui-ci a reculé de 0,1 % alors qu’au même moment, ceux de la France, de l’Espagne et de l’Italie ont respectivement progressé de 0,3 %, 0,8 % et 0,2 %.
« La façon dont l’économie allemande a évolué au cours des six premiers mois de cette année est décevante. La production industrielle n’a pas redémarré, les exportations ont flanché et les commandes dans le secteur manufacturier sont restées au point mort », a réagi, mardi, le président de la Chambre de commerce et d’industrie allemande, Martin Wansleben.
« Plus sombres »
« L’économie allemande s’enfonce dans la crise. (…) Les indicateurs conjoncturels sont à leur niveau le plus bas depuis septembre 2020, et les perspectives pour les prochains mois sont plus sombres qu’elles n’étaient jusqu’alors », lui a fait écho Klaus Wohlrabe, de l’Institut de recherche économique de Munich.
Au début de l’année, l’économie allemande avait bénéficié d’un fort ralentissement de l’inflation. Mais celle-ci est repartie à la hausse au deuxième semestre, ce qui a plombé la croissance du pays. L’essoufflement économique de la Chine, client essentiel de l’Allemagne, a également pesé. En mai, la production industrielle allemande a ainsi chuté de 2,5 % par rapport au mois précédent, les exportations, quant à elles, ayant reculé de 3,6 %.
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Ces mauvais chiffres risquent d’accentuer les différends, déjà importants, qui opposent les trois formations membres de la coalition gouvernementale d’Olaf Scholz, qui réunit les sociaux-démocrates, le parti du chancelier, les Verts et les libéraux-démocrates du FDP.
Pour augmenter le PIB, Berlin a adopté, début juillet, un plan de soutien à l’économie comprenant d’importants allègements fiscaux, afin d’obtenir « un demi-point de pourcentage de croissance en plus », comme s’y est engagé le gouvernement fédéral.
Assouplir ses principes
Reste que la politique économique de l’Allemagne demeure arrimée au « frein à l’endettement », ce dispositif constitutionnel qui limite le déficit structurel annuel à 0,35 % du PIB et est accusé par beaucoup d’économistes d’étouffer la croissance du pays. Malgré l’insistance du SPD et des Verts, le gouvernement s’est résolu, sous la pression du ministre des finances, le libéral Christian Lindner (FDP), à respecter cette règle dans le cadre du projet de loi de finances 2025.
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Soutenu par le chancelier Scholz, M. Lindner s’oppose à toute modification des règles sur l’endettement, en dépit des demandes formulées par des institutions comme l’Organisation de coopération et de développement économique ou le Fonds monétaire international, qui appellent depuis longtemps Berlin à assouplir ses principes en la matière.
Au vu de ces chiffres, le gouvernement d’Olaf Scholz subit une extrême pression. A un peu plus d’un an des prochaines élections législatives, prévues en septembre 2025, le chancelier social-démocrate, qui fut ministre des finances dans la dernière coalition d’Angela Merkel (2018-2021), va devoir démontrer qu’il est capable de redresser l’économie allemande.
Vieillissement de la population
Dans l’industrie et la construction, secteurs-clés de l’économie du pays, l’activité reste atone. « Nous ne sommes pas l’homme malade, mais l’homme vieillissant de l’Europe », observait l’économiste Ulrike Malmendier, membre du « conseil des sages », groupe de cinq économistes conseillant le gouvernement, dans un entretien au quotidien économique Handelsblatt, au mois de mai.
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Le conseil avait déjà utilisé cette expression dans son rapport de l’automne 2023, notant que la croissance potentielle de l’Allemagne, autrement dit sa capacité à dégager de la richesse compte tenu de ses facteurs de production, était durablement affaiblie. Le vieillissement de la population réduit le nombre d’heures travaillées, tandis que le stock de capital (infrastructures publiques, machines) s’use, en raison de la faiblesse des investissements susceptibles d’augmenter la productivité, faisaient observer ces économistes.
Un peu moins d’un an plus tard, leurs observations sont toujours valides. Locomotive de la zone euro dans les années 2010, l’Allemagne est aujourd’hui l’une de ses lanternes rouges. Les chiffres publiés mardi le confirment. Après avoir enregistré une baisse de son PIB de 0,3 % en 2023, la République fédérale est de plus en plus en passe de redevenir l’« homme malade » de l’Union européenne, pour reprendre le surnom que lui avait donné l’hebdomadaire britannique The Economist en 1999 et que nombre d’observateurs, vingt-cinq ans plus tard, reprennent désormais à leur compte.
Thomas Wieder (Berlin, correspondant)
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