ÉDITO | La Belgique, narco-état en puissance ? Tous les partis politiques sont responsables… surtout les flamands !
C’est plus qu’un ras-le-bol. Le Procureur du Roi de Bruxelles est carrément furieux et il l’a fait savoir. Julien Moinil a fait du combat contre les violences liées à la drogue une priorité absolue.
Par Gaspard Grosjean
Rédacteur en chef adjoint de Sudinfo
Publié le 19/02/2025 à 05:55
Mais pour le mener et, surtout, tenter de le gagner, encore faut-il disposer de moyens. Et ça, il n’en a pas. Du moins, pas assez. La faute à qui ? Julien Moinil n’a pas hésité à pointer du doigt la responsabilité de l’État fédéral, ce mardi.
Au niveau des policiers, l’intéressé se demande ainsi : « Comment voulez-vous que j’arrête des auteurs si je n’ai pas d’enquêteurs spécialisés ? » Quant au volet judiciaire, il déplore : « On désinvestit dans la réponse pénale depuis des dizaines d’années. » Julien Moinil veut désormais des réponses sur les moyens, le timing et, surtout, il en a assez des effets d’annonce !
Et on peut le comprendre. Si le ministre de l’Intérieur fraîchement désigné multiplie les réunions et les démarches pour apporter les premières réponses à ces trafics ponctués de fusillades incessantes, les partis politiques devraient avoir l’honnêteté de s’interroger sur leur part de responsabilité dans l’insécurité actuelle. Car oui, il y a une responsabilité politique évidente par rapport aux moyens policiers, au suivi judiciaire, aux places dans les prisons et, bien sûr, aux budgets octroyés – ou non – pour ces trois thématiques.
cd&V et VLD particulièrement
Alors qui est responsable ? Voici la réponse : tous les partis politiques, ou presque. Et surtout les Flamands, il faut le dire clairement, qui ont occupé les ministères clés de la Justice et de l’Intérieur de manière quasi systématique ces vingt dernières années, principalement le cd&V et le VLD !
Ainsi, quelles ont été les couleurs politiques des ministres de la Justice ces vingt dernières années – mettons-les fraîchement nommés de côté, par honnêteté intellectuelle ? PS, cd&V, cd&V, VLD, VLD, cd&V, VLD, VLD. Même exercice pour l’Intérieur : VLD, VLD, VLD, cdH, cdH, N-VA, cd&V, cd&V. Et sous la responsabilité des Premiers ministres de ces vingt dernières années, on retrouve : VLD, cd&V, cd&V, PS, MR, MR et VLD.
On peut bien sûr aussi pointer du doigt les responsabilités locales, celles des zones de police et des bourgmestres. Mais il faut bien admettre que le combat contre le narcotrafic est un combat national, avec donc des responsabilités fédérales. La drogue entre par le port d’Anvers, entre autres, des laboratoires discrets prolifèrent en milieu rural, et les guerres de territoire se déroulent en milieu urbain.
Alors, oui, pour rejoindre le procureur du roi de Bruxelles : stop. Stop aux effets d’annonce des politiques, qui en ont trop fait mais n’ont rien fait. Maintenant, agissez.