Why not Signal ?

Pourquoi pas Signal ?

Texte traduit (de l'anglais) de l'essai de Dessalines [Source Github]

A propos de moi : Bien que je ne sois pas un expert en cryptographie, je suis un développeur de logiciels avec plus de 10 ans d'expérience, aussi bien dans le milieu professionnel que dans le monde de la source libre (open source). Aujourd'hui je suis chef en développement pour un projet open source fédéré connu sous le nom de Lemmy. Ma perspective et mes recommandations notées ici viennent de ma pratique active des communautés de l'open source.

Le problème

Après les révélations des surveillances généralisées en 2013, trouver une plateforme de messagerie sécurisée pour remplacer les messages textes des applications grand public apparait comme une urgence pour tous les activistes. Il a été révélé que les agences de renseignement des Etats-Unis d'Amérique, du Canada, du Royaume-Uni, de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande (les "Cinq Yeux"), accompagnés des géants de la Tech des USA comme Facebook, Apple, Google et Microsoft, collectaient et transféraient les tchats emails, textes, voix et vidéos aux gouvernements, sans aucun mandat.

Les gouvernements des pays de l'ouest ont créé un système mondial de surveillance auquel même leurs propres citoyens et alliés ne pouvaient vraiment se soustraire.

Il était également connu que les communications au sein des murs de Facebook ou Google n'étaient pas sécurisés; beaucoup d'autres acteurs à ce moment ont alors commencé a développer des messageries alternatives sécurisées.

Découvrez Signal

Signal est devenue l'une des premières plateformes a développer et utiliser une cryptographie de bout à bout (end-to-end encryption, E2EE) et a ouvrir des standards ouverts, que beaucoup d'autres plateformes ont adopté ou modifiés pour leur propre utilisation.

Elle est devenue très populaire pour intégrer sans difficulté votre liste de contacts existants et votre historique de messages. Cela inclut les appels vocaux et les messages, pièces jointes, réponses et les groupes de discussion.

Au fur et à mesure des années, l'application a été utilisée de plus en plus par les activistes, journalistes et politiques ensemble, et soutenue par des défenseurs de la vie privée comme Edward Snowden et Bruce Schneier. Elle a également des soutiens et utilisateurs discutables comme Jack Dorsay (fondateur de Twitter devenu X), et Elon Musk.

Jusqu'à il y a quelques années, elle était vue comme une solution pour outsiders et la meilleure alternative sécurisée aux géants de la tech nord-américains, les "Big Five". Son histoire et ses déficiences, qui ont toujours été accessibles à tous - et auxquels je m'attarde plus bas - ont été survolés dû à son statut d'outsider dans le monde de la tech, sa courtoisie à la communauté de l'open source et son fondateur anarchiste haut en couleur, Moxie Marlinspike.

En janvier 2021, après l'acquisition de WhatsApp, la plus populaire application de messagerie au monde, par Facebook (Meta) et annoncé ainsi son partage de données avec son nouveau papa, Signal est devenu l'application la plus téléchargée dans plus de 70 pays.

La popularité explosive de Signal parmi les applications de messagerie a mené un certain nombre d'activistes a ré-ouvrir le cas de Signal et de reconsidérer pourquoi une plateforme populaire mais "sécurisée" n'avait ainsi obtenu presqu'aucune intervention des représentants du gouvernement des Etats-Unis d'Amérique.

Il s'avère que le gouvernement des Etats-Unis d'Amérique était (et probablement demeure) un des principaux mécènes de Signal.

Qu'est-ce qui ne va pas avec Signal ?

Financement par la CIA

CIA > RFA > OTF > Signal
Bien que cet article par Yasha Levine rentre dans les détails, ce n'est un secret pour personne que le financement original de Open Whisper Systems (le nom précédent pour l'équipe de développement de Signal), était le Open Technology Fund : il se liste publiquement lui-même comme une succursale de Radio Free Asia, une organisation étatique des Etats-Unis d'Amérique dont le but principal (parmi les autres incarnations "Radio Free" comme la Radio Free Europe, ou la Free Cuba Radio) est le changement de régime pour ces gouvernements d'Asie qui ne sont pas alignés avec les intérêts des USA en matière de politique étrangère.

Les agences "Radio Free" ont subi un changement de nom public dans le début des années 1990, mais ils demeurent en effet les mêmes organisations de désinformation de la CIA depuis les années 1950 :

Radio Free Asia a commencé a diffuser dans la Chine continentale en 1951 depuis un kit de transmetteurs élaborés à Manille (Philippines). C'était une des branches du Comité pour l'Asie Libre, et la CIA l'a pensé comme le début d'une opération dans l'Est lointain qui rivaliserait Radio Free Europe et Radio Liberty.

C'est seulement qu'après que les transmetteurs de Radio Free Asia soient opérationnels, selon les sources familières de l'affaire, que la CIA a réalisé qu'il n'y avait quasiment aucun récepteur radio privatif en Chine continentale. Un plan d'urgence a été monté : des ballons, transportant des petites radios paramétrées sur la fréquence de Radio Free Asia, ont été envoyés en Chine depuis l'île de Taiwan, où les nationalistes Chinois avaient fui après la prise du pouvoir des communistes sur les terres continentales en 1949. Le plan fut abandonné quand les ballons furent repoussés par le vent vers Taiwan par le détroit de Taïwan (Formosa Strait).

Ce qu'Allen Weinstein, un des fondateurs du Fond de dotation National pour la Démocratie (National Endowment for Democracy (NED)), un représentant d'une autre organisation américaine pour un changement de régime "respectant les droits humains" raconte de son organisation s'applique également à l'Open Technology Fund : "beaucoup de ce que nous faisons aujourd'hui a été réalisé secrètement 25 ans auparavant par la CIA".

Le fond est décrit comme : "soutenant les technologies ouvertes et les communautés qui augmente la liberté d'expression, contournent la censure et font obstruction à la surveillance répressive comme une façon de promouvoir les droits humains et les sociétés libres."

Nous devrions remettre en question l'engagement d'un fond qui se dédie à "l'obstruction de la surveillance répressive", quand en même temps ils ont été créés par un gouvernement qui lui-même exerce un des plus expansifs système de surveillance depuis l'histoire de l'humanité. Et comment les USA définiraient les termes "droits humains" et "société libre" différemment de ceux qui connaissent l'histoire des nord-américains dans ce domaine.

C'est un cas d'exemple du gouvernement des Etats-Unis d'Amérique qui finance des projets avec un objectif clair de cooptation, comme dans le cas de Signal, ou de les absorder complètement; dans les faits, détourner les objectifs premiers des défenseurs de la vie privée et des développeurs en leur offrant le financement qu'aucun autre ne peut fournir : tant qu'ils jouent dans les marges des intérêts des USA.

Signal pourrait tout aussi bien être un autre projet leurre, comme Crypto-AG avant lui : la compagnie suisse qui a fourni des services de communications sécurisées à plus de 120 gouvernements durant le 20ème siècle, et qui était secrètement dirigée par la CIA et les renseignements de l'Allemagne de l'Ouest.


L'utilisation de Signal heureusement n'a jamais été appréhendée par le grand public de Chine (ou de la région administrative de Hong Kong), dont les gouvernements préfèrent l'autonomie, plutôt que de permettre la technologie des USA contrôler ses plateformes de communication comme le reste du monde naïvement suit. (Par exemple, les plus populaires réseaux sociaux d'Inde sont Facebook et Youtube, signifiant que les géants de la surveillance nord-américains possèdent et contrôlent les communications quotidiennes d'un pays beaucoup plus peuplé que le leur). Signal de son côté est plutôt utilisé par les USA et les activistes du monde de l'ouest et, à cause des contradictions de la surveillance capitaliste, est aussi sa plus grande population d'utilisateurs.

Cependant, ce n'est pas une conséquence inattendue (blowback), les confuses mais utiles idioties politiques de Marlinspikes de côté; les autres manquements de Signal signifient qu'il y a moins d'obstacles à la surveillance gouvernementale nord-américaine qu'anticipé et font de ses déclarations d'être "sécurisé" douteuses.

Comme le déclare l'article plus-haut, après qu'Yasha Levine a écrit un article révélant les sources de financement de Signal, la Radio Free Asia a tenté de contenir les dommages au nom de Signal, dans l'espoir que Signal continuerait de maintenir de bonnes relations avec ses soutiens de la communauté open source, et demeure une alternative "privative" viable. Libby Liu, président de Radio Free Asia, a déclaré :

Notre intérêt premier est d'être sûr que le réseau étendu d'Open Technology Fund et la communauté de l'Internet Libre ne soient pas effrayés par l'article [de Yasha Levine]. Heureusement les grands noms de la communauté sont rassemblés à Valence cette semaine - et les rapports indiquent qu'ils demeurent en bons termes avec l'Open Technology Fund et Radio Free Asia.

Clairement le gouvernement des USA avait pour intérêt que Signal continue d'être utilisé et d'être promu.

La raison du gouvernement des USA pour ne pas tenter de bloquer ou ralentir Signal, est parce qu'ils sont satisfait de la quantité d'informations que Signal leur produit.

Un service unique, centralisé, basé aux USA

Les National Security Letters (NSL) - ou lettres de sécurité nationales.

Les USA ont une loi intéressante qui concerne toute compagnie américaine ayant des opérations sur son territoire : il est illégal de dire à vos usagers que le gouvernement des USA a demandé à votre entreprise d'espionner en son nom. Cela s'appelle les lois de divulgation des clés(key disclosure law, kdl) et la version des USA qui s'appelle les National Security Letters ont subi une révision avec le PATRIOT ACT.

Les entreprises qui ne se soumettent pas à cette loi, telles que Lavabit, sont alors forcées d'arrêter leurs opérations en protestation afin de ne pas être inculpées ou de rester opérationnelles et de transférer les communications de leurs usagers aux gouvernements des Etats-Unis d'Amérique. La Fondation Signal est une entreprise domiciliée aux Etats-Unis d'Amérique, et ils doivent obéir à cette loi.

Signal ne peut d'ailleurs pas être auto-hébergé : il n'y a aucun moyen d'héberger chez vous votre propre serveur Signal et ainsi de contrôler vos propre données. Marlinspike a de façon impitoyable fait fermer chaque tentative de construire des clients alternatifs ou serveurs qui ne communiqueraient pas avec le principal. (autre source).

Cela signifie que toutes les données de Signal sont centralisées et contrôlées par une entité unique : une cible géante et facile pour la surveillance des USA.

La centralisation des données de Signal signifie qu'ils ont probablement été ciblés par une lettre de sécurité nationale, avec chaque autre entreprise de messagerie centralisée domiciliée aux USA. Bien qu'ils soient impossible pour nous d'en être certain, il est aussi illégal pour les fondateurs de révéler cette information. Pour une analyse de risques, nous devons présupposer du pire, spécifiquement pour une application si populaire.

Cela alimenterait les stéréotypes des développeurs de Signal décrivant Marlinspike comme étant paranoïaque, et un maniaque du contrôle quand il est question de l'administration de Signal. Marlinspike pourrait être inculpé si cette information serait même accidentellement rendue publique.

Dans une ère où presque toutes les nouvelles plateformes de messagerie reposent sur le modèle d'auto-hébergement couplée à une fédération, Marlinspike est intervenu résolument en faveur de la centralisation et a refusé de considérer une fédération quand les développeurs de Matrix, un protocole de messagerie fédéralisée, l'ont demandé. Le refus de Marlinspike s'appuyait sur la base que cela ralentirait le développement de nouvelles fonctionnalités. La réponse de Matrix est ici.

Comme beaucoup d'adhérents à Apple qui étaient intimement convaincu de l'investissement et de l'engagement d'Apple en matière de respect de la vie privée, et ont "senti" la vie privée dans leurs trippes (jusqu'à ce que la preuve soit faite publique démontrant le contraire longtemps après les faits), les défenseurs de Signal basent leur "confiance" sur des facteurs complètement sans importance, comme l'interface utilisateur, ou Marlinspike lui-même : des facteurs qui n'ont rien à voir avec la vie privée et qui ne sont pas falsifiables ou testables.

La preuve pour ou contre le "respect de la vie privée" des services centralisés est toujours circonstancielle, parce qu'à la fin nous n'avons aucune idée du code sur lequel le serveur est actuellement en train de tourner, ou s'il a été compromis par un acteur malveillant. Le serveur est une boîte noire dans laquelle nous n'avons aucune visibilité.

Les solutions auto-hébergées, à l'inverse, ont des prérequis de reproductibilité bien plus importants, parce que les personnes les hébergement ou les utilisant connaissent le code sur lequel le serveur tourne : ils peuvent le reconstruire de zéro en utilisant le code en source libre (comme une recette). Ils peuvent tester le serveur pour être sûrs de sa sécurité. Comme Drew Devault l'a précisé lors de sa critique de Signal : seuls les systèmes réellements sécurisés ne nécessitent pas de confiance.

Les identifiants # Téléphones

Si vous étiez en train de construire une plateforme sécurisée, et voudriez utiliser un identifiant, quel pourrait être la pire chose à utiliser ? Les numéros de téléphone.

Les numéros de téléphone sont, dans presque chaque pays USA inclus, directement liés à votre identité : incluant votre nom de famille, numéro de sécurité sociale et même votre adresse postale actuelle. Une simple recherche inversée de numéro de téléphone, faisable même par des acteurs non gouvernementaux, peuvent révéler cette information.

C'est aussi pourquoi il est impossible pour des anonymes ou activistes internets d'utiliser Signal : en donnant aux autres votre numéro de téléphone, vous donnez votre nom de famille et adresse.

Les défenseurs de la vie privée insistent que les services doivent réduire au minimum les "liens de relations" : le moins d'identifiants vous relient à votre identité réelle, le mieux c'est. Signal outrepasse ce prérequis au nom d'une interaction et engagement facilité, en vous connectant à vos contacts existants et historique de messages. Cela pourrait être acceptable pour Apple ou WhatsApp, mais pas pour une application se vendant aux activistes comme "sécurisé".

Signal vous permet aussi d'être découvert grâce à votre numéro de téléphone, sans votre consentement. Les pouvoirs régaliens ajoutent fréquemment les numéros de téléphone de suspects ou de groupes de suspects dans leur propre entrée Signal, et Signal sera heureux de leur dire lesquels des suspects utilisent Signal.

Les diagrammes sociaux des réseaux

Le protocole E2EE (end-to-end encryption) ou crypté de bout en bout, signifient que le contenu du message entre les personnes est sécurisé. Mais les tierces personnes sont plus souvent intéressées par les métadonnées plutôt que le contenu, puisqu'ils n'ont pas le temps de lire manuellement chaque message pour construire un sens.

La base de données de Signal, que nous présupposons compromise à cause de sa nature centralisée et basée aux USA, a des quelques informations importantes :

  • Les marqueurs date-heure;
  • Les émetteurs et récepteurs (via les identifiants téléphoniques).

Grâce à ces deux pièces d'information, il devient possible de construire des diagrammes sociaux : qui a parlé à qui, et quand ils se sont parlés. Ainsi que de savoir qui est dans un groupe de discussion, et avec qui d'autre.

Il n'est peut-être pas proprement intéressant pour le gouvernement des USA de savoir ce qui a été dit, quand ils savent que 4 activistes sont dans une même ville, et que quelqu'un de l'extérieur se sont envoyés des messages fréquemment le jour d'une protestation. Ils ont maintenant une liste de suspects.

Ajoutez à cela les données de localisation des téléphones, et vous avez un profil chronologique concernant un groupe de suspects connectés.

Des défendeurs de Signal ont signalé que Signal intègre la fonctionnalité "émetteur caché" dans une version beta du programme. N'importe qui qui a travaillé avec des bases de données centralisées peut vous affirmer qu'avec l'information du récepteur couplé à des marqueurs date-heure sur les messages reçus, il est presque trivial de retrouver l'émetteur réel d'un message.

Abandon des sources ouvertes

Alors que l'application et le code source du serveur de Signal prétendaient être publiés en source ouverte, en réalité Signal a été plutôt lent à mettre à jour ses modificatifs. En Avril 2021, Signal a enragé la communauté open-source en ne mettant pas à jour sa base publiée pendant toute une année. Après les retours alarmés de la communauté, Signal a finalement mis à jour leur code source pour appaiser ses détracteurs, mais en laissant un goût amer dans toutes les bouches.

Une cryptomonnaie dans le package

Récemment, Signal est en train de tenter d'intégrer une cryptomonnaie appelée MobileCoin, dans l'application elle-même. Ce qu'à a faire une plateforme de messagerie avec une cryptomonnaie plutôt obscure est nébuleux; mais il y a probablement l'appât du gain derrière cette tentative. Cette "fonctionnalité" a provoqué l'ire parmi les utilisateurs.

Et d'autres encore...

Une liste exhaustive d'autres points de détails techniques soulevant des question, comme le fait que Signal se repose sur Google ou Amazon, se trouve ici et .

De quoi est fait une bonne plateforme de messagerie ?

Crypée de bout-à-bout

La communication entre les personnes ou groupes de personnes doit être encrypée d'une telle façon que seulement l'émetteur et le récepteur peuvent lire les messages. Pour une explication de comment cela fonctionne, regardez cette vidéo sur les clés publiques de cryptographie.

Open-source

Le code source pour le serveur et les applications clientes doivent être publiées pour tous, afin que la communauté puisse contribuer : pour corriger les bugs, trouver des failles de sécurité et suggérer des fonctionnalités. Il devrait également autoriser les applications clientes tierces ainsi que des intégrations serveurs, toutes basées sur les standards ouverts.

Auto-hébergeable

Une plateforme de messagerie devrait être hébergeable par n'importe qui, de façon privée, contrôlée seulement par la personne qui a téléchargé le logiciel. Cette personne doit être également capable de construire le projet depuis son code source originel, afin de s'assurer que rien de malveillant n'ait été inséré entre-temps.

Avoir le plein contrôle sur vos données est extrêmement important, spécifiquement pour les activistes qui veulent éviter les tiers malveillants.

Fédéré

La meilleure façon de décrire la fédération, est de penser aux emails. Plusieurs personnes peuvent souscrire à plusieurs services fournisseurs d'email (gmail, hotmail, etc) [NDLR : Par pitié, ne faites pas ça], mais ils peuvent tous s'envoyer des emails. De la même façon, une plateforme de communication devrait être capable de parler avec d'autres personnes dont le compte est hébergé sur le même type de logiciel, mais ailleurs.

Le pair-à-pair (P2P, ou distribué) est une forme de fédération, où au lieu d'avoir chacun la possibilité d'héberger un serveur, le serveur est aussi petit qu'une application. Ces applications ne communiquent pas via des serveurs externes mais directement entre chaque utilisateur (par exemple, les torrents).

Pas d'identifiants requis pouvant être reliés

Moins une base de données dispose d'identifiants, comme votre nom de famille, email ou numéro de téléphone, le mieux c'est. Ce sont des attributs pouvant être reliés ensemble que seulement l'émetteur et le récepteur devraient connaître, pas le serveur ni quelconque intermédiaire.

Les mauvaises alternatives

Les alternatives évidentes enfreignant le respect de la vie privée sont les compagnies qui ont déjà signé le program PRISM de la NSA (National Security Agency) des USA. Leurs applications incluent Facebook et son Messenger, WhatsApp, Instagram, Skype, Microsoft Teams, Gmail, YouTube, Apple Messages and les applications de messagerie fournies par les fournisseurs d'accès à internet [NDLR : SFR, Free, Bouygues, etc.] pour les SMS/MMS et appels audio.

D'autres alternatives disqualifiées d'office incluent des entreprises domiciliées aux Etats-Unis d'Amérique ou celles avec des serveurs centralisés, telles que Signal, Discord, Slack, Zoom, Telegram, Threema, SnapChat, Viber, Line, Twitter et Reddit.

Les emails sont basés sur un protocole archaïque qui n'a pas été conçu pour de l'encryptage ou quelconque sécurité à l'esprit. Même les supposément fournisseurs de services emails "sécurisés" ont été prouvés maintes et maintes fois comme non-sécurisés.

Sur le critère unique des applications de messageries plus haut, Signal score seulement 1.5 / 5, la quasi totalité des autres applications scorent 0 / 5.

Les bonnes alternatives

Les plateformes citées plus bas sont mes recommandations, et je n'ai pas la prétention d'être exhaustif. Ces applications remplissent tous les critères mentionnés plus haut qui font d'une plateforme de messagerie viable.

Matrix

Matrix est une plateforme auto-hébergeable et fédérée, qui depuis quelques années est parvenue à maturité. A cause de ses standards ouverts, de multiples moyens d'accéder au réseau, des supports pour de très larges groupes de discussion, et un design où l'encryptage passe avant tout, nombreux sont ceux qui le désignent comme le successeur aux emails et le futur à toute forme de communication sécurisée.

Sa principale application cliente, Element, dispose d'une application web ainsi qu'une application Android/iOS pleinement opérationnelle.

Matrix dispose de nombreuses fonctionnalités, telles que les appels voix/vidéos, les messages vocaux, réactions, réponses et des "espaces", similaires aux salons de Discord ou de Slack.

Tel un testament pour sa solidité et son support à long-terme, Matrix a même été adopté par de large organisations, même le gouvernement Français; il se trouve que même des gouvernements européens veulent échapper aux tentacules de la surveillance des USA et reprendre contrôle de leurs données.

Mises en garde vis-à-vis de la fédération et Matrix : fuites de métadonnées.

En utilisant la fédération, les statuts des espaces de Matrix (contenant un grand nombre de métadonnées) sont répliquées et stockées indéfiniment sur chaque serveur d'hébergement sur lequel tout utilisateur se connecte. Bien que cela soit une fonctionnalité pour permettre des salons de discussions, cela se paie par un contre-coût sérieux contre la protection de la vie privée.
Pour limiter ou empêcher que cela se produire, vous pouvez soit désactiver la fédération ou faire en sorte que vos utilisateurs s'enregistrent avec aucun identifiant reliable autre que leur nom d'utilisateur.

XMPP

XMPP est un standard libre pour les messages, qui existe depuis 1999. C'est open-source, fédéré, et a des applications pour la plupart des plateformes comme Conversations pour Android, ou Gajim pour les ordinateurs de bureau.

Mises en garde sur XMPP

Malheureusement XMPP souffre de pas mal de fragmentation, parce que tous ses applications clientes ne respectent pas ses propositions d'extensions (appelées XEPs), ou son extension end-to-end encryption de façon égale.

Briar

Briar est une application de chat en pair-à-pair extrêmement sécurisée, qui ne requiert aucun serveur : les applications communiquent directement entre elles à travers le réseau TOR sur internet, le même wifi ou à travers Bluetooth.

Cela fait de Briar le candidat idéal pour les communications les plus sensibles, lorsqu'on partage des informations personnelles, ou pour un usage ciblé pour les protestation, puisqu'il peut fonctionner pendant les blackouts internets grâce à son option de connexion Bluetooth.

Mises en garde sur Briar

Briar est plutôt nouveau dans le secteur, et manque de beaucoup trop de fonctionnalités pour être utilisé de façon viable par de larges organisations. Il n'y a pas d'appels vocaux, ni de réactions ou de système de gestion des permissions, ou encore de clients Web ou iOS : à ce jour, seuls les appareils Android sont compatibles.

Jitsi

Jitsi est une solution de vidéoconférence auto-hébergeable et open-source, comme alternative à Zoom. Il dispose d'une application Web et natives pour les ordinateurs de bureau, iOS et Android. Actuellement, Matrix est intégré dans Jitsi pour utilisation lors des appels vidéo de groupe.

SimpleX

SimpleX est une plateforme et protocole de messagerie se concentrant sur la protection de la vie privée. C'est open-source, anonyme (pas d'identifiant assigné aux utilisateurs) et encrypté de bout-à-bout.
Le serveur est complètement auto-hébergeable, et le client CLI, iOS et Android peuvent changer du set de serveurs hébergés par le projet SimpleX à n'importe quel autre via un menu. L'application Android est disponible sur F-Droid.

Mises en garde sur SimpleX

  • Le client iOS depuis la version 3.0 supporte les notifications push - il nécessite que les utilisateurs s'authentifie sur un serveur centralisé de notification push. Le projet prévoit de supporter le fait pour les utilisateurs d'auto-héberger un serveur de notifications.
  • Le client Android supporte complètement les notifications privées en faisant tourner un service optionnel permanent en arrière-plan.
  • Il n'y a pas de client Web à cause de l'augmentation de la surface d'attaque potentielle.
  • Les serveurs de messagerie SimpleX peuvent voir les adresses IP; le projet prévoit d'intégrer l'accès par TOR directement dans les applications.

Conclusions

J'ai souligné ici combien il est impératif que les communautés d'activites migrent de Signal. Nous ne devrions pas être découragés par l'inertie qui empoisonne l'adoption générale de nouvelles applications de discussions; si nos organisations sont suffisamment disciplinées, et se sentent suffisamment concernées par des communications sécurisées, alors adopter ces nouvelles applications devraient être notre principale priorité.

Nous devons être en capacité de nous adapter et d'être flexibles : si dans le futur, de nouvelles alternatives plus sécurisées venaient à émerger, elles devraient être envisagées après étude puis considérées comme de nouvelles alternatives.

Nous devons reprendre le contrôle sur nos communications et discussion, et arrêter de laisser les entreprises de tech des USA de le faire à notre place.

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Pub: 27 Jul 2023 13:26 UTC
Edit: 01 Aug 2023 13:20 UTC
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